OpenVPN vs WireGuard : deux visions du VPN moderne

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Les VPN d’entreprise ont longtemps reposé sur des protocoles lourds et robustes comme IPsec ou PPTP.
Puis OpenVPN a imposé une approche plus souple, plus compatible, et plus facile à intégrer dans les environnements hétérogènes.
Aujourd’hui, WireGuard pousse encore plus loin la logique d’efficacité et de simplicité.
Mais entre les deux, le choix n’est pas qu’une question de performance : c’est une question d’architecture, d’administration et d’usage.


1. OpenVPN : la souplesse du modèle centralisé

OpenVPN s’appuie sur un modèle serveur central qui distribue les paramètres réseau aux clients.
Le serveur gère l’authentification, les routes, et peut pousser dynamiquement la configuration aux postes distants.
C’est un fonctionnement de type Road Warrior managé, idéal pour des utilisateurs nomades qui se connectent au réseau interne de l’entreprise.

Les points forts :

  • Authentification complète via certificats, login/mot de passe, ou RADIUS/LDAP.
  • Attribution IP dynamique via DHCP ou serveur interne.
  • Gestion centralisée des routes : le serveur décide si le client envoie tout son trafic dans le tunnel ou seulement les sous-réseaux internes.
  • Support natif du push DNS, du split tunneling, et de la redirection de passerelle.
  • Très mature, compatible avec tous les systèmes et appliances.

Les limites :

  • Consommation CPU élevée : chiffrement en espace utilisateur, encapsulation TLS, overhead de 15–20 %.
  • Débits plafonnés sur les liens gigabit.
  • Démarrage lent à cause du handshake TLS complet.
  • Infrastructure PKI lourde à maintenir (certificats, révocations, CRL).

OpenVPN reste une valeur sûre pour les infrastructures complexes et les environnements à fort contrôle administratif.
Mais il demande un vrai serveur d’autorité et un minimum de babysitting technique.


2. WireGuard : la rapidité du modèle minimaliste

WireGuard, lui, supprime presque tout.
Pas de PKI, pas de gestion centralisée : juste des paires de clés publiques/privées, et des fichiers plats de configuration.
Chaque pair connaît les IP autorisées de l’autre, et le tunnel s’établit automatiquement à la première communication.

Les points forts :

  • Performances exceptionnelles : jusqu’à 950 Mbit/s sur CPU moderne.
  • Latence très faible (1–3 ms).
  • Code source minimal, auditable, intégré au noyau Linux.
  • Démarrage instantané, pas de TLS ni de négociation complexe.
  • Très stable, parfait pour les mobiles, serveurs cloud et petits équipements.

Les limites :

  • Administration point à point : chaque client doit avoir une IP fixe, une clé privée et une clé publique déclarée sur le serveur.
  • Pas de DHCP, pas de push route : toutes les routes doivent être écrites à la main côté client.
  • Pas de gestion native des comptes, ni d’intégration AD/RADIUS.
  • Complexité croissante quand on dépasse une dizaine de pairs (serveur à reconfigurer à chaque ajout).

WireGuard est un bijou de performance et de simplicité, mais il repose sur une logique de pairing manuel.
Là où OpenVPN déploie dynamiquement, WireGuard exige une gestion précise de chaque lien.


3. Sécurité et topologie : deux philosophies

AspectOpenVPNWireGuard
Authentification🟢 PKI complète (CA, certificats, CRL, login)🟢 Clés publiques/privées simples
Gestion centralisée🟢 Oui (serveur maître)🔴 Non, configuration distribuée
Attribution IP🟢 Automatique (DHCP interne)🔴 Statique (définie dans chaque peer)
Push routes🟢 Oui, côté serveur🔴 Non, côté client uniquement
Sortie totale du trafic (redirect-gateway)🟢 Oui, via push "redirect-gateway"🟢 Oui, via AllowedIPs = 0.0.0.0/0 côté client
Journalisation / audit🟢 Très complet🔴 Minimaliste
Maintenance🔴 Lourde, mais automatisable🟢 Légère, mais manuelle
Cas d’usage optimal🟢 VPN d’entreprise multi-utilisateurs🟢 Connexions rapides, IoT, Road Warrior, multi-WAN

4. Sécurité fonctionnelle : le paradoxe du Road Warrior

Un point souvent négligé : le contrôle du trafic sortant.
Avec OpenVPN, le serveur pousse les routes et DNS. Il peut forcer tout le trafic d’un client nomade à passer par le tunnel (utile en environnement d’entreprise, pour surveiller ou filtrer).
WireGuard, en revanche, laisse cette décision au client.
Si la config locale ne définit pas AllowedIPs = 0.0.0.0/0, le poste enverra une partie de son trafic directement sur Internet.
Autrement dit : WireGuard est ultra-rapide, mais il faut être rigoureux dans les configurations, sinon le VPN devient partiel.


5. Performances et latence : avantage WireGuard

Sur un matériel équivalent (CPU x86, AES-NI activé) :

TestOpenVPNWireGuard
Débit moyen300 Mbit/s850 Mbit/s
Temps d’établissement1,5 s80 ms
Overhead CPU🔴 Élevé🟢 Faible
Consommation mémoire🟡 Moyenne🟢 Très faible

WireGuard profite d’une crypto moderne et d’une intégration noyau qui le rend imbattable sur les liens à faible latence ou les environnements virtualisés.


6. En pratique : choisir selon le contexte

ContexteProtocole recommandéRaison principale
Télétravail multi-utilisateurs🟢 OpenVPNGestion centralisée, routes dynamiques
Lien site-à-site fixe🟢 WireGuardStabilité et performance
Nomades (Road Warrior)🟢 WireGuardRapidité et simplicité
Réseau interne administré (AD, LDAP)🟢 OpenVPNAuthentification et politique d’accès
Multi-WAN / bonding 5G + fibre🟢 WireGuardFaible latence, reprise rapide
IoT / Edge devices🟢 WireGuardConfiguration légère, clé statique
Parc Windows hétérogène🟢 OpenVPNCompatibilité et gestion des certificats

7. Conclusion : deux outils, deux logiques

OpenVPN et WireGuard ne s’opposent pas : ils se complètent.
Le premier offre une gestion fine et centralisée, idéale pour les environnements structurés.
Le second apporte une légèreté et une vitesse inégalées, taillées pour les infrastructures modernes, mobiles ou hybrides.

OpenVPN, c’est la maîtrise.
WireGuard, c’est l’efficacité.

Le bon choix, c’est celui qui correspond à la topologie, au niveau de contrôle souhaité et à la maturité de ton administration réseau.

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